Chapo

À l’issue de l’Assemblée Générale de Labo Cités, le 3 avril dernier, une table ronde a été organisée en partenariat avec le CGET et le réseau Canopé sur les enjeux éducatifs dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Autour de six intervenants aux profils diversifiés*, elle a réuni 80 participants, preuve de l’intérêt partagé autour de ce sujet. Voici quelques uns des points saillants du débat.

IMG_20190403_162655_0.jpg

Le retour sur l’histoire des liens entre politique de la ville et politiques éducatives depuis 40 ans a mis en évidence les relations complexes entre école et territoire dans les quartiers populaires : territoire vécu comme une ressource v/s territoire comme une menace ;  ouverture de l’école sur son territoire v/s fermeture de l’école ; approche centrée sur le public v/s approche centrée sur le territoire, etc.

Le constat globalement partagé est qu’il a toujours été difficile de faire travailler les différents acteurs ensemble (Éducation nationale, politique de la ville, éducation populaire, prévention spécialisée...). Certes des articulations ont pu se mettre en place mais la frontière entre éducation et éducatif peut être source de conflits et à tout le moins d’incompréhensions. D’ailleurs, le premier obstacle est souvent celui du langage : à titre d’exemple, quand différents acteurs s’emparent de l’objet de travail « lire et écrire pour des élèves de CP », ils ne mettent pas la même chose derrière ces mots et, faute de culture commune, peuvent engager des actions contradictoires et incohérentes.

Les premiers à en pâtir sont bien sûr les enfants mais aussi les parents dont il a été souligné l’importance de les inclure dans les démarches et les projets. Ils sont en effet au centre des enjeux en matière d’éducation et sont souvent mis de côté, notamment parce que les professionnels ont des difficultés à entrer en relation avec les parents, à savoir communiquer. Pour autant, si des actions comme « Ouvrir l’école aux parents » ont montré des effets bénéfiques, peut-être faudrait-il aussi « ouvrir le quartier aux profs » afin qu’ils découvrent l’univers des enfants et des familles ?

Si l’un des apports de la politique de la ville est le travail en partenariat, la transversalité, il n’en demeure pas moins que pour travailler ensemble, il faut un objet et un cadre communs et être en capacité de dépasser les égoïsmes locaux. Au cours du débat, il a été question de l’échelle pertinente pour travailler sur des actions éducatives (quartier, ville, agglomération) : faute de consensus sur ce sujet et face à la variété des situations, il semble que le plus important soit finalement la volonté des acteurs.

L’un des freins pointés est l’injonction au partenariat : il s’avère que lorsqu’il n’y a pas d’obligation de travailler ensemble, pas d’enjeux formels, la co-construction est alors rendue plus facile. Il a également été souligné la difficulté de maintenir un partenariat local sur le long terme du fait du déménagement des familles qui bloque des accompagnements au long cours, du turn over des professionnels ou encore des changements des politiques publiques. Pour pallier ces difficultés,  il a été proposé de redonner du pouvoir d’agir aux acteurs de terrain… un retour aux sources de la politique de la ville en quelque sorte.

 

* Les six intervenants (par ordre alphabétique) :
Damien Berthilier, adjoint Éducation et universités, ville de Villeurbanne et président du réseau français des  villes éducatrices ; Christine Lauer, inspectrice d’académie-inspectrice pédagogique régionale (IA-IPR) et correspondante académique de l’éducation prioritaire ; François-Antoine Mariani, commissaire général délégué à l’égalité des territoires, directeur de la ville et de la cohésion urbaine, CGET ; Thierry Monel, 1er adjoint aux finances, à la vie des quartiers et à la démocratie locale, à la GUSP, à la politique de la ville et à la tranquillité publique, Échirolles ; Annie Tobaty, inspectrice générale de l’Éducation nationale honoraire.

IMG_20190403_165849.jpg

Labo Cités 4 rue de Narvik 69008 LYON. Tél. : 04 78 77 01 43
⤒ Retour en haut